Ce week-end, c’était le, très reconnu et quasi mythique, trail de Guerlédan. Anaïs Duval avait à coeur de prendre sa revanche sur son édition 2023. Nous avons découvert Anaïs cette année sur les cross pour sa première année à l’EAPB. Elle a déjà fait parler d’elle lors de sa victoire sur le 42km du Menestrail en décembre 2023. Nous vous laissons en apprendre davantage sur cette jeune prodige du trail Breton.

« Après une édition 2023 mitigée, passant d’un match interceltique de rêve à une course cauchemardesque, je ne pensais qu’à l’édition 2024, qu’à ma « revanche » (contre moi-même), sur ce trail breton si mythique. Avec la reprise d’études en droit à Rennes, la préparation envisagée n’était pas celle dont j’avais rêvé. Mais, avec un entraînement adapté, du renforcement musculaire très spécifique et une approche nutritionnelle encore plus précise, je me suis sentie presque sereine le Jour J, l’objectif étant de faire une course pleine, de prendre du plaisir, et de viser les moins de 8h. Je ne visais aucun classement. Je voulais faire MA course.
Bon, à l’annonce d’une bosse surprise supplémentaire de 200/300m de D+, j’avais quelques doutes quand même, mais je n’avais pas vraiment le choix. Je suis donc partie en me répétant qu’il ne fallait pas trop se ralentir, pour ne pas avoir de regret, mais qu’il fallait toujours se préserver pour conserver un état potable pour les 15 derniers km (qui comprenaient 4 belles grosses bosses dont la montée infernale). J’ai eu la chance de partager ma course avec mon grand frère, jusqu’au km45 où il m’a intimé l’ordre de lâcher les chevaux sans se préoccuper de la distance qui allait s’installer entre nous…
Tout s’est déroulé comme sur du papier à musique. Je n’avais pas l’impression d’avoir des jambes de feu, voire je me sentais presque fatiguée de manière globale. Mais les km s’enchaînaient bien, surtout les bosses que j’ai toujours montées sans trop peiner. La boue ne m’a pas dérangée. Je n’étais pas très à l’aise sur les ardoisières un peu glissantes, mais je me suis écoutée et j’ai pu relancer sur les autres descentes moins techniques. Niveau nutrition et digestion, ça s’est aussi déroulé sans encombre. En trail long, c’est plutôt une très bonne chose ! Une chose est sûre, c’est que j’ai couru pour moi, à l’écoute de mes envies, de mes sensations, en me respectant, en faisant confiance au travail accompli. Je me suis mise dans ma bulle, sans construire ma course en fonction de ma place et de l’écart avec les autres filles (quand on me donnait de telles informations, je refusais d’y croire, et je me disais tous les 10kms que c’était déjà incroyable d’avoir fait un tel morceau en tête de course féminine). J’ai répété la course que j’avais visualisé depuis plus d’un an.


Je n’aurais jamais cru arriver au gros ravito de Beau Rivage en première position. J’y ai lâché une larme. Je n’aurais jamais cru gagner le segment de la montée infernale chez les femmes, avec ma foulée de sanglier en montée. Je n’aurais jamais cru passer plus de 7h de course avec le sourire aux lèvres, avoir la chair de poule à chaque acclamation des spectateurs et des bénévoles, pouvoir partager un trail avec mon grand frère. Je n’aurais jamais cru courir dans la dernière bosse, voir l’abbaye du site de la course et me dire que
j’y descendrai pour franchir la ligne d’arrivée en tant que gagnante femme. Je n’aurais jamais jamais jamais cru, il y a 6 ans, courir d’une seule traite 65km et 2800m de D+ de Guerlédan, et encore moins en moins de 7h30… »

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